Forêt de Ratery

Endémique d'Europe, ce conifère apprécie les espaces ensoleillés de montagne. Atteignant l'âge de 1000 ans, il est peu sensible à l'attaque des insectes.
Cependant, la Tordeuse grise lui inflige des dommages : se nourrissant de rameaux, cette chenille suscite le jaunissement des aiguilles qui tombent prématurément ; le mélèze prend l'aspect d'un arbre mort au cœur de l'été. Tandis que les meilleurs fûts sont sélectionnés pour l'abattage, le sous-bois est utilisé en pâturage par les troupeaux qui vont chaumer sous son ombre légère.

Complice du mélèze sur les terres d'altitude, le pin cembro ou arole est le symbole de la conquête du monde végétal sur le monde minéral. Il atteint ici les limites méridionales et occidentales de son aire, ce qui explique sa rareté.
Cet arbre trapu atteint l'âge de 1000 ans, fleurissant pour la première fois à l'âge de 60-70 ans, puis tous les 6-10 ans. Le casse-noix, oiseau bruyant et prévoyant, est friand de ses graines.

Pendant des siècles, le terroir de la vallée du Haut Verdon a subvenu aux besoins d'une population rurale importante. Les arbres cédaient à la hache, pour les besoins en bois de chauffage et de construction des maisons souvent incendiées.
Sol piétiné, roches déchaussées, absence de couverture végétale, l'érosion des torrents devient catastrophique. Au XIXème siècle, une prise de conscience s'opère. À la fin du siècle, à Ratery est implantée une pépinière. Aujourd'hui c'est une " station forestière remarquable que tous les amis des arbres viennent visiter de très loin ".    

Mélézin qui illumine la floraison estivale de son tapis végétal : sur le sol calcifié, lis orangé ou martagon, géranium des bois, lychnis rivalisent de chatoyance. Sapinière et peissière, sombres et humides : entre les fûts, s'étend le désert d'un sol acidifié recouvert d'une mince couche d'aiguilles jaunies.

Côté pile, la grande forêt alpine couvre l'ubac, versant orienté au nord : c'est le pays d'ombres et de froid humide. Côté face, la Provence chaude est là. L'adret, versant orienté sud, reçoit à pente égale, dix fois plus de chaleur que l'ubac : le genêt, la lavande, et le pin sylvestre enveloppent le promeneur de leurs senteurs entêtantes.